
S’aimer soi-même n’est ni prétentieux, ni égoïste, ni narcissique. Non, s’aimer soi-même c’est même indispensable pour être bien, pour être heureux et surtout pour aimer les autres.
Mais qu’est-ce que signifie “s’aimer soi-même” ? En quelques mots, nous pourrions dire que “ s’aimer soi” c’est savoir s’accepter, s’estimer comme personne et se faire respecter. L’amour de soi permet d’éprouver la joie de vivre, d’être capable de se rassurer et de se réconforter lorsque nous sommes face à des critiques ou des difficultés.
Jusqu’à quel point vous aimez-vous? bien évidemment nous ne sommes pas obligés de tout aimer chez nous. Apprendre à s’aimer c’est un processus et c’est surtout s’accepter tel que nous sommes (avec nos qualités… et nos défauts !). C’est exactement la même chose qu’aimer son partenaire : il/elle a surement des défauts qui vous exaspèrent mais vous l’aimez et vous reconnaissez sa valeur. S’aimer soi-même ce n’est pas tout aimer mais c’est savoir s’apprécier tel que nous sommes et savoir agir avec soi-même avec bienveillance.
L’amour que l’on se porte est primordial car il influence grandement la façon dont nous réussirons à vivre avec les autres et surtout à les aimer.
L’estime de soi.
Quand nous parlons d’apprendre à nous aimer nous-même nous parlons de ce que l’on appelle “l’estime de soi” (à ne pas confondre avec la confiance en soi, même si ces deux concepts sont intimement liés, ils restent néanmoins différents).
Selon C. ROGERS elle fait référence au “degré selon lequel un individu s’aime, se valorise et s’accepte lui-même”.
L’estime de soi est en d’autres termes ce que l’on appelle également l’amour propre. C’est donc, comme nous l’avons vu précédemment, la capacité de s’apprécier à sa juste valeur, de connaître ses points forts et d’en être raisonnablement fier. L’estime de soi c’est également être capable d’identifier et tolérer ses points faibles.
Les sources de l’estime de soi sont multiples mais c’est dans l’enfance et particulièrement les premières années de la vie que tout se passe. L’amour de soi s’élabore tout au long de notre développement mais la plupart des recherches dans ce domaine présentent la théorie de l’attachement comme étant la source de l’estime de soi et de la confiance en soi. Je ne vais pas développer ici la théorie de l’attachement car il faudrait plusieurs articles pour parler de cette théorie révolutionnaire du 20ème siècle mais si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à écouter la conférence de la pédopsychiatre N. Guédeney sur l’attachement.
Pour simplifier énormément c’est donc à travers les relations précoces, le regard porté sur nous et les réponses que nous apporte l’environnement que se construit l’estime de soi. Elle prend donc racine dès la plus petite enfance et se consolide au fil des expériences de la vie. Notons également que l’estime de soi évolue constamment par la suite et qu’elle peut se détériorer ou au contraire se renforcer au fur et à mesure de nos expériences.
Le regard des autres.
Le poids du regard des autres est également un facteur puissant d’une bonne ou d’une mauvaise estime de soi. Il est indéniable que certains facteurs provenant de l’environnement peuvent renforcer l’amour de soi. Cela nous aide à nous sentir bien et il est tout à fait normal d’en avoir aussi besoin. Néanmoins, si nous dépendons principalement de nos succès et des marques d’appréciation d’autrui, nous risquons de nous retrouver un jour ou l’autre en difficulté. Car si nous dépendons uniquement de l’extérieur, notre amour propre risque d’être vraiment atteint lorsque l’environnement fera défaut.
L’estime de soi est capable de s’ajuster selon notre façon de nous positionner avec notre environnement immédiat. Cela devrait vous donner des clés pour vous aider à améliorer votre estime de vous-même ! Voyons ensemble une expérience classique de l’effet de la comparaison sociale sur l’estime de soi: C. ANDRE rapporte l’étude de MORSE SJ et GERGEN KJ qu’il traduit par “ l’expérience de Monsieur crade et Monsieur propre”. Lors de cette expérience des étudiants viennent en pensant postuler pour un boulot d’été en remplissant des supposés questionnaires de recrutement au milieu desquels sont dissimulés des questionnaires d’estime de soi. Pendant ce test, un autre pseudo-étudiant vient lui aussi déposer sa candidature. Ce comparse étant parfois un “Monsieur propre” (élégant, bien vêtu, un livre sous le bras…) et parfois un “Monsieur crade” (mal rasé, vêtements froissés,…). Et bien figurez-vous que l’apparition du pseudo-étudiant négligé entraînait une envolée significative des résultats sur l’estime de soi ! A l’inverse, l’apparition de “Monsieur propre” avait tendance à faire chuter ces mêmes résultats. Les comparaisons sociales sont donc très impliquées dans la régulation de l’estime de soi.
FESTINGER a développé “la théorie de la comparaison sociale” en 1954 en expliquant l’idée selon laquelle les individus se comparent, non seulement pour savoir ce qui est juste, mais également pour connaître leur propre valeur. Rappelez-vous mon post Instagram sur le concept “big-fish-little-pond-effect” sur la confiance en soi (qui est une composante partielle de l’estime de soi).
Les troubles de l’estime de soi.
Les troubles de l’estime de soi sont en constante progression ces dernières années. Ils se manifestent de différentes façons:
- Au niveau émotionnel: manque de confiance en soi, sentiment d’infériorité, affects dépressifs, comparaison constante avec les autres, anxiété, burn out…
- Au niveau corporel: troubles alimentaires, recours à la chirurgie esthétique…
C. ANDRE compare l’estime de soi à un véritable “système immunitaire du psychisme”. Ainsi, une de ses fonctions principales serait de nous protéger face à l’adversité. Nous comprenons donc à quel point s’aimer soi-même est capital ! Chaque cas étant unique et spécifique il est difficile, voire impossible, de vous donner une recette toute faite, un mode d’emploi qui vous aiderait à améliorer votre estime de vous-même. Si vous pensez avoir un trouble de l’estime de vous-même, une psychothérapie peut énormément vous aider à reprendre confiance en vous et à analyser l’origine de ces troubles.
A bientôt,
Anne-Sophie.
Bibliographie
Dugravier, Romain, et Anne-Sophie Barbey-Mintz. « Origines et concepts de la théorie de l’attachement », Enfances & Psy, vol. 66, no. 2, 2015, pp. 14-22.
André, Christophe. « L’estime de soi », Recherche en soins infirmiers, vol. 82, no. 3, 2005, pp. 26-30.
Morse SJ et Gergen KJ. Social comparison, self-consistency and the concept of self. Journal of Personality and Social Psychology 1970, 16 : 149-156.
Bouvard M et coll. Étude psychométrique de l’inventaire d’estime de soi sociale. Revue Européenne de Psychologie Appliquée 1999, 49 : 165-172.