Le burn-out parental

La notion de Burn-out a été développée dans les années 70 par H. FREUDENBERGER pour définir l’épuisement au travail des professionnels de l’aide et du soin. Littéralement, “burn-out” se traduit par “se consumer ». Le Burn-out n’est pas une maladie mais un syndrome (= un ensemble de symptômes) qui se caractérise par un épuisement émotionnel, physique et psychique. Ces dernières années, la visibilité du Burn-out professionnel  dans les médias a permis à ce syndrome de se faire connaître et aux personnes qui en ont souffert d’être reconnues dans leur épreuve. Néanmoins, celui qui m’intéresse aujourd’hui est plus tabou, touche un peu plus à l’intimité et est beaucoup moins connu et reconnu, il s’agit du Burn-out parental. Ce concept a émergé dès les années 80 mais il a longtemps été étudié auprès des parents d’enfants malades. Assez récemment, une équipe de recherche en psychologie de l’université de Louvain l’a étudié dans la population générale. Nos connaissances sur le sujet sont donc récentes et continuent de s’étoffer au fil des recherches.

Stress et burn-out

Si la parentalité est évidemment et indéniablement source de bonheur, il ne faut pas nier qu’elle est aussi source de stress et de difficultés. Le stress peut être aigu ou chronique. M. MIKOLAJCZAK et I. ROSKAM (figures de proue au niveau international dans ce domaine) décrivent très bien ces deux états dans leur ouvrage sur le burn-out parental. 

  • Le stress aigu apparaît en réponse à un élément très précis qui le déclenche et il est limité dans le temps. C’est par exemple un enfant malade pour lequel on ne trouve pas de solution, la difficulté à trouver un mode de garde pour son petit…
  • Le stress devient chronique quand le stresseur perdure et/ou que les sources de stress s’accumulent et s’enchaînent sans que la personne ne puisse sortir la tête de l’eau.

Si le stress est chronique, intense et qu’il se prolonge, le parent peut développer un burn-out parental.

Définition du burn-out parental

M. MIKOLAJCZAK et I. ROSKAM spécifient la nature du burn-out parental comme un syndrome à quatre facettes:

  1. L’épuisement physique et émotionnel
  2. La saturation et la perte de plaisir dans son rôle de parent
  3. La distanciation affective d’avec les enfants
  4. Un contraste entre le parent tel qu’il était avant et tel qu’il souhait être et celui qu’il est devenu

Et j’ajouterai pour ma part à ces 4 items la notion capitale et intrinsèque à la définition qu’est l’impossibilité de s’extraire de la situation oppressante véritable nœud gordien qui lance cette boucle, ce cercle vicieux dans lequel le cerveau va se sentir prisonnier. Sans cet élément la définition semble, à mon sens, incomplète. Car c’est bien cette notion qui est le moteur de la culpabilité qui ne va faire que renforcer les symptômes initiaux. Aussi, le diagnostic est aisément posé quand une fois les symptômes décrits une petite phrase, telle une pierre angulaire, vient poser cette notion dans un typique: « Mais je ne peux pas faire autrement, je n’ai pas le choix, pas d’alternative… ». Le tableau est alors complet.

L’épuisement physique et émotionnel

Cette facette du burn-out parental est souvent celle qui apparaît en premier. Le stress chronique s’est installé et le parent a alors le sentiment d’être épuisé, complètement vidé, abattu, éreinté, complètement à plat, bref, au bout du rouleau ! Cet épuisement physique et psychique peut se manifester de différentes manières selon les personnes.

La saturation et la perte de plaisir dans son rôle de parent

La deuxième facette du syndrome est la saturation et un sentiment de “trop-plein”. Le parent est tellement épuisé qu’il n’arrive plus à trouver du plaisir dans ce rôle. Le père ou la mère en burn-out est démotivé et agit en pilotage automatique pour s’occuper de ses enfants. Il n’y a plus de moments agréables dans la gestion du quotidien, le parent n’en peut plus d’être parent.

La distanciation affective d’avec les enfants

La troisième facette du burn-out parental est la distanciation affective d’avec les enfants. Il se manifeste par un désinvestissement progressif. Cela se déclare dans le quotidien de différentes façons: le parent écoute d’une oreille distraite ce que l’enfant lui raconte, il prête moins d’attention qu’il n’avait l’habitude de le faire à ce que l’enfant vit ou ressent, il ne s’implique plus autant dans son éducation et ressent des difficultés à lui témoigner son amour. Pour résumer, le parent fait ce qu’il doit faire mais pas plus. L’empathie habituelle que ressent l’adulte pour son petit disparaît et la relation avec les enfants se résume à des routines quotidiennes. 

Le contraste

Le burn-out parental n’est pas une pathologie psychiatrique ni un trouble grave de la personnalité et le parent a totalement conscience que quelque chose ne va pas. Il ne se reconnaît plus. Il n’est pas le parent qu’il était et encore moins celui qu’il voulait être. Cette quatrième facette du syndrome est donc un contraste entre un avant et un après. Cet élément est crucial pour poser le diagnostic. En effet, un parent qui a toujours été distant, dépressif ou inadéquat n’est pas en burn-out. Ce contraste est primordial pour comprendre et analyser le burn-out parental. Il pousse d’ailleurs souvent les parents à demander l’aide d’un professionnel, ce qui n’est pas le cas d’un parent qui a toujours négligé ses enfants, qui fait preuve de froideur ou qui a toujours été violent et agressif.

Comment les symptômes apparaissent-ils ?

On ne se réveille pas du jour au lendemain en burn-out parental. C’est un processus qui s’installe progressivement et qui passe par plusieurs stades. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je trouve qu’il est primordial d’en parler et de lever le tabou de ce syndrome : si on en parle et que les parents le connaissent, ils seront plus à même de se rendre compte qu’ils sont en train de s’épuiser et cela leur évitera peut-être d’en arriver jusqu’au burn-out.

Le premier stade du syndrome est l’épuisement. Ce symptôme d’intense fatigue psychique et psychologique peut durer plus ou moins longtemps mais il apparaît en premier. Vient ensuite le détachement émotionnel qui est un mécanisme de défense mis en place inconsciemment par le parent pour se protéger et tenter de préserver le peu d’énergie qui lui reste. Vient ensuite l’engrenage. L’épuisement entraîne la saturation et la perte de plaisir, qui entraînent elles-mêmes un désinvestissement et le cercle vicieux est alors lancé. Une fois le burn-out installé, les symptômes se renforcent les uns les autres et le parent qui n’arrive plus à s’en sortir ressent alors de la honte et de la culpabilité. Si le parent ne connaît pas le burn-out parental et qu’il ne comprend pas ce qui lui arrive, cette honte et cette culpabilité seront alors exacerbées. L’intérêt de vulgariser ce concept c’est que si le parent réussit à comprendre ce qu’il vit et à mettre des mots dessus, il pourra alors en prendre conscience plus facilement et demander de l’aide pour s’en sortir.

Nous pouvons retrouver différents symptômes dans le burn-out parental. Tous les parents en situation d’épuisement ne les développerons pas systématiquement mais voici une liste pour les repérer:

-Colère, irritabilité et agressivité

-Négligence et violence avec les enfants ( apparaît chez les parents au stade ultime du burn-out )

-Dépendances (à la caféine, à l’alcool, aux jeux…)

-Difficultés conjugales ( cela n’a rien d’étonnant car le burn-out augmente l’irritabilité, diminue la libido et augmente l’envie de s’évader )

-Problèmes de santé dû au stress chronique. Une étude menée par Maria Elena BRIANDA a démontré que le niveau de cortisol était deux fois plus élevé chez les parents en burn-out ( Maria Elena Brianda, Isabelle Roskam, Moïra Mikolajczac, “Hair cortisol concentration as biomarker for parental burnout”, Psychoneuroendocrinology, 2020, 117, 104681 ).

-…

Pour avoir quelques pistes de réflexion et répondre à la question “ Comment en arrive t-on là ?”, je vous invite à lire ou relire mon article sur la pression parentale et le burn-out. Ce sujet est passionnant et je vous proposerai prochainement d’autres articles pour vous aider à approfondir le sujet. En attendant je vous laisse évaluer votre niveau d’épuisement parental à l’aide des outils suivants:

L’application Dr Mood

https://www.dr-mood.com/

ou

Le site “ Burnout parental” et le questionnaire “évaluer son épuisement”

https://www.burnoutparental.com/suis-je-en-burnout

A bientôt,

Anne-Sophie.

Bibliographie

Comment traiter le burn-out parental ? Manuel d’intervention clinique, Maria Elena Brianda, Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak, De Boeck Supérieur s. a, 2019

Le Burn-out parental. L’éviter et s’en sortir, M. Mikolajczak, I. Roskam, Odile Jacob, 2020

Le burn out parental, Liliane Holstein,Josette Lyon, 2015

Maria Elena Brianda, Isabelle Roskam, Moïra Mikolajczac, “Hair cortisol concentration as biomarker for parental burnout”, Psychoneuroendocrinology, 2020, 117, 104681 

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