Psychologie des gens qui critiquent.

Sur les réseaux sociaux les critiques fusent et les jugements agressifs sont le lot quotidien des influenceurs et de ceux qui s’exposent. Si vous vous promenez sur Facebook, Instagram ou Twitter, vous avez probablement remarqué la férocité de certains propos et l’agressivité de certaines personnes. Cette passion pour le jugement et la critique est devenue tellement importante que des programmes de télévision ou de radio réussissent à faire de l’audience simplement en essayant de faire du mal aux autres, en critiquant et en jugeant. Évidemment, ces personnes qui projettent leur négativité existent (malheureusement) également dans la vie quotidienne. Mais alors comment comprendre les critiques et les jugements prononcés sans aucune intention constructive? C’est la question que je me suis posée et à laquelle je tenterai de répondre (en partie) dans cet article. Comment fonctionne le mécanisme de la critique ou plutôt de l’invective? Quel est son utilité pour ceux qui l’utilisent et quelles sont les raisons qui se cachent derrière ce genre de comportement?

Dans un premier temps nous allons analyser les principales raisons qui peuvent pousser les gens à critiquer (liste non exhaustive):

  1. Un système de défense appelé la projection.

“Dans la doctrine psychanalytique, la projection est un mécanisme de défense inconscient par lequel le sujet projette sur autrui les craintes et les désirs qu’il ressent comme interdits et dont la représentation consciente serait chargée d’angoisse ou de culpabilité ; elle participe à la constitution des phobies dans la névrose et du délire dans la psychose” ( Jacques POSTEL, « PROJECTION, psychanalyse », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 24 janvier 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/projection-psychanalyse/ )

Autrement dit, lorsque nous critiquons les autres, nous projetons nos peurs, nos insécurités, nos défauts et nos failles. Les personnes jalouses et envieuses sont généralement celles qui émettent le plus de critiques. En agissant ainsi, elles détournent leur regard d’elles-mêmes par peur de ce qu’elles pourraient voir. Dans cette dynamique, nous comprenons alors aisément qu’il est plus supportable de critiquer et de se convaincre que les failles des autres sont plus importantes que les nôtres plutôt que de se remettre en question.

  1. Le complexe (ou sentiment) d’infériorité.

Alfred ADLER a été le premier à définir cet ensemble de pensées et d’émotions qui font qu’un individu se sent inférieur aux autres. Ce ressentis est plutôt normal tant qu’il n’est pas excessif et qu’il n’empêche pas d’assouvir ses besoins. Toujours selon A. ADLER, certaines personnes souffrant d’un complexe d’infériorité compensent en enfilant un déguisement de supériorité. Ainsi, en écrasant les autres et en essayant de nuire à leur image, elles réussissent à satisfaire leur besoin de se sentir puissantes et donc à pallier à leur complexe d’infériorité.

  1. Le besoin d’appartenance à un groupe.

Tous les êtres humains sont marqués par un besoin d’appartenance. Parfois, ce besoin est traduit par un désir exacerbé d’acceptation et d’appartenance basée sur une crainte d’être rejeté ou exclu. Il peut alors arriver que certaines personnes basent leurs relations sociales sur la critique des autres pour affirmer leur appartenance à un groupe. Ce comportement traduit alors généralement un manque d’estime de soi et un besoin d’être admiré et remarqué.

  1. La vengeance.

Parfois la critique est utilisée comme un outil de vengeance. Lorsque nous faisons face à des conflits non résolus, la critique sert alors à humilier l’autre dans le but de se venger. Cette raison qui pousse à critiquer n’est pas efficace et s’apparente à une certaine forme de manipulation. En critiquant par vengeance il y a l’intention perverse de séparer et d’éloigner la personne critiquée de celle ou ceux qui écoutent la critique.

Je vous ai présenté 4 raisons qui peuvent pousser les gens à critiquer mais comme souvent en science humaine les choses sont beaucoup plus complexes car chaque personne est unique et son fonctionnement psychique est compréhensible uniquement en prenant en compte toutes les dimensions de cette personne (son histoire, son sexe, son age, son education, ses croyances …). Néanmoins, vous avez maintenant quelques pistes pour comprendre les personnes qui aiment critiquer!

Pour terminer j’aimerais vous donner quelques astuces pour éviter d’être trop affecté par des critiques qui vous seraient adressées. Tout d’abord, gardez en tête que ce mode de fonctionnement en dit beaucoup sur la personne qui critique et que pour agir ainsi il faut ne pas être bien, quelqu’en soit la raison (sentiment d’infériorité, peur, vengeance, peur d’être rejeté…). Comme nous l’avons vu, en critiquant, on cherche surtout à résoudre une problématique non assumée de son fonctionnement psychique. Enfin, la chose la plus censée à faire consiste à garder ses distances. Cela donnera une raison de plus aux personnes qui vous critiquent de vous critiquer mais gardez en tête que les interactions avec ce genre de personnes sont toxiques. La critique est le lieu où elles placent leur mal-être au lieu de se remettre en question et vous n’avez pas à subir l’agressivité de leurs conflits non résolus.

Je dédie cet article à toutes les personnes que l’on appelle des « influenceurs » que j’aime suivre sur Instagram, Facebook ou Youtube et qui sont parfois la cible de critiques extrêmement agressives, non constructives et souvent infondées.

Pour ceux qui n’ont pas encore lu l’article sur le test des 3 passoires je vous invite à aller y jeter un oeil pour apprendre à vous protéger et filtrer les reproches non constructives et non pertinentes.

A bientôt,

Anne-Sophie.

Références bibliographiques:

PROJECTION, psychanalyse , Jacques POSTEL, https://www.universalis.fr/encyclopedie/projection-psychanalyse/ )

Le sens de la vie: Étude de psychologie individuelle, ALFRED ADLER et SHAFFER HERBERT, Petite bibliothèque Payot, 2017.

L’échelle de besoin d’appartenance : validation française et rôle dans les réactions à la déviance, Sanquirgo, Nathalie, Dominique Oberlé, et Peggy Chekroun , L’ Année psychologique, vol. vol. 112, no. 1, 2012, pp. 85-113.

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