Le biais de négativité

Notre cerveau fonctionne de telle manière que nous avons tendance à donner plus d’importance aux mauvaises nouvelles. Nous répondons donc beaucoup plus fortement au négatif qu’au positif. En psychologie, cela s’appelle le “biais de négativité”. Ce fonctionnement remonte aux tout premiers stades de l’évolution humaine, lorsque la survie des hommes dépendait en grande partie de leur capacité à percevoir le danger et à s’y adapter. Ce fonctionnement était alors une sorte d’alarme qui se déclenchait dans le cerveau pour se protéger. Remontons dans le temps et imaginons la scène: en pleine nature, un homme est en train de se promener lorsqu’il remarque simultanément un arbre rempli de fruits juteux et un animal féroce. Vous y êtes ? A votre avis, vous est il plus utile de remarquer la présence du prédateur ou l’arbre fruitier? Vous avez compris l’idée : notre cerveau a donc été paramétré pour survivre dans un environnement hostile et dangereux.

Daniel Kahneman, expert en psychologie cognitive, écrit dans son livre Thinking, Fast and Slow : « Le cerveau des humains et des autres animaux contient un mécanisme qui est construit de manière à donner la priorité aux mauvaises nouvelles. En réduisant à quelques centièmes de seconde le temps nécessaire à détecter un prédateur, ce circuit améliore l’espérance de vie de l’animal. »

Autrement dit, nous avons tendance, et cela est encore le cas aujourd’hui, à surestimer les menaces et sous-estimer les opportunités. Alors effectivement, ce fonctionnement cognitif était très utile lors des premiers stades de l’évolution humaine, mais il peut également être, dans nos vies actuelles, un véritable frein au bonheur.

Le biais de négativité dans nos vies.

Le psychologue et chercheur John CACIOPPO a démontré, dans ses études sur le traitement neuronal du biais de négativité, que le cerveau répond de manière bien plus importante aux stimuli sensoriels, cognitifs et moteurs négatifs. Il semblerait que cela fonctionne également sur notre motivation à accomplir une tâche. Effectivement, nous serions beaucoup plus motivés à accomplir une tâche qui nous permettrait d’éviter une expérience négative que la réalisation d’une tâche avec une récompense positive. La raison ? Notre cerveau tente de nous maintenir en sécurité et de nous protéger.

Le biais de négativité, comme tous les autres biais cognitifs, est complètement inconscient et automatique. La mauvaise nouvelle c’est qu’il ne peut pas être supprimé. La bonne nouvelle c’est qu’il est tout à fait possible d’inverser la tendance en prenant conscience du changement et en travaillant un peu.

Comment inverser la tendance. 

La psychologie positive donne de très bonnes pistes de réflexions puisqu’elle s’attache à nous rendre plus heureux, plus optimistes. Nous savons aujourd’hui qu’il existe différentes façons d’apporter plus de positivité dans sa vie. Voyons ensemble quelques pistes :

  • Pour commencer vous pouvez apprendre à prendre du recul et relativiser les expériences négatives. Concrètement, cela permet de ne pas laisser son cerveau primitif prendre possession du problème. Par exemple, la prochaine fois que vous aurez l’impression d’avoir encore choisi la caisse qui avance le moins au supermarché, prenez du recul et dites-vous que la plupart du temps votre file avance normalement mais que cela ne vous marque pas et que vous ne le soulignez jamais (c’est le biais de négativité dans toute sa splendeur ! ).
  • Pratiquer la gratitude et noter tous nos “petits bonheurs”. L’idée est de noter chaque jour quelques expériences positives de votre journée afin d’entraîner votre cerveau à les remarquer et à les traiter avec un peu plus d’attention.
  • Apprendre à voir le verre “à moitié plein”. Apprenez à détecter vos pensées négatives afin de les transformer. Par exemple, si votre conjoint(e) oublie de sortir la poubelle, plutôt que de vous concentrer sur cet évènement qui vous agace, concentrez vous sur le fait que statistiquement, la plupart du temps il/elle pense à le faire.

Vous avez maintenant quelques pistes pour apprendre à canaliser ce biais cognitif qui vous entraîne trop souvent à accentuer les événements négatifs et qui vous empêche parfois d’être heureux et épanouis. Il est toujours intéressant de remettre en cause ses propres schémas de pensée pour apprendre à progresser. Pour ceux qui lisent régulièrement ce blog, je vous propose, pour conclure, un lien entre le biais de négativité et l’article sur le KAIZEN, cette méthode japonaise qui consiste à changer ses habitudes tout doucement. En effet, cette méthode est très efficace car elle préconise une évolution tellement progressive qu’elle fait taire votre critique intérieur (le fameux biais de négativité). Vous avez maintenant plusieurs pistes pour vous aider à réfléchir à vos comportements et vous aider à amorcer un changement vers une vie plus belle et plus épanouie !

A bientôt,

Anne-Sophie.

Bibliographie

Thinking, Fast and Slow, Daniel Kahneman, Penguin group, 2012.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4809791/

Mindfulness for Creativity, Dr Dany Penman, Paperback, 2015.

2 commentaires

  1. Merci encore une fois pour cette article de qualité !! Je l’ai partagé à mon équipe au boulot et plus large encore sur LinkedIn. Belle journée à vous !!

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  2. Merci pour cet article, et le fait de rappeler que nous subissons bien souvent davantage le fonctionnement biaisé de notre cerveau plutôt que d’en avoir le contrôle comme nous le pensons trop souvent… 😉
    Heureusement certaines « astuces » comme celles que vous citez peuvent « tromper » notre cerveau dans le bon sens 🙂

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